Traitement de la douleur

La douleur est définie par l’Association Internationale pour l’Etude de la Douleur (IASP) depuis 1994 comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable secondaire à une lésion tissulaire réelle, potentielle ou décrite en terme d’une telle lésion ».

Principes de base de la prise en charge de la douleur

L’évaluation et la prise en charge de toute douleur doit toujours être globale. On parle d’une approche bio-psycho-sociale.

Cette approche comprend une recherche de la lésion qui a provoqué ou qui provoque toujours la douleur. Quel tissu, quel organe est ou sont blessé(s), lésé(s) ? Quel est le mécanisme de la douleur ? Quels bilans biologiques ou radiologique faut-il envisager ? Faut-il encore faire des bilans ?

Cette approche nécessite impérativement une recherche du contexte d’apparition de la douleur et des facteurs de chronicité, qui la font durer plus que de raison. Car il n’existe pas de traitement d’une douleur sans prise en compte de ces facteurs. Sans quoi, tout traitement envisagé, si juste soit-il, peut aboutir à l’échec. Ces facteurs contextuels sont multiples et parfois subtils à détecter, voire enfouis inconsciemment ou cachés volontairement par le patient. Ils nécessitent un entretien parfois long et délicat. Mais cela débouche souvent sur une prise en charge globale – profonde – de la douleur et de la santé du patient en général, perpétuellement avec la recherche de son accord.

Cette approche est aussi sociale, écologique (l’écologie est la science ayant pour objet les relations des êtres vivants avec leur environnement et les autres êtres vivants), c’est-à-dire qu’elle envisage les interactions du patient et de « sa » douleur avec l’environnement du patient. C’est pourquoi nous parlons de l’aspect écologique de la douleur. Quels conséquences – positives ou négatives – la douleur a-t-elle sur la vie du patient ? Avec la famille, les enfants, les amis, les ennemis, le travail, les collègues, le manager, le « chef », le patron, l’employeur, les activités annexes (loisirs, sports, activités…). C’est parfois dans cette troisième approche que se trouve une clé d’amélioration de la douleur du patient.

Car la douleur – comme toute maladie – n’est pas un problème corporel isolé. C’est un problème du corps qui interagit. Elle a de multiples conséquences sur la vie des patients et de leur entourage.

Ne pas les voir, ne pas les questionner, ne pas les envisager peut conduire à des impasses, des « résistances » aux traitements proposés.

La prise en charge de la douleur nécessite un travail d’équipe.

D’abord et surtout avec le patient, qui doit comprendre, discuter, questionner ce que lui annonce le médecin. Il n’existe pas de traitement de la douleur qui ne prend pas en compte les attentes du patient. Les connaitre, c’est déjà gagner du terrain sur la douleur.

Le médecin de la douleur joue le rôle d’un entraineur à la manière d’un sportif. Un entraineur sportif connait le sportif, ses capacités physiques et mentales. Il connait aussi ses attentes, ses objectifs. Le sportif veut-il participer à des compétitions départementales ou veut-il aller aux jeux olympiques ? L’objectif est-il adéquat ? Trop bas ? Trop haut ? Trop lent ? Trop rapide ? Combien de temps l’entrainement devra-t-il être suivi ? Quel rythme ? Quelle reconditionnement physique ? Quelle musculation ? Quelle alimentation ? Quel rythme de sommeil ? Quelle préparation mentale ?

Un travail d’équipe évidemment avec tous les professionnels de santé qui participent aux soins du patient : le médecin spécialiste en médecine générale, le(s) kinésithérapeute(s), l’(les) infirmier(s), le(s) psychologue(s), le rhumatologue, le médecin spécialiste en médecin physique et réadaptation, le neurologue, le(s) chirurgien(s). Mais aussi l’ostéopathe, le chiropraticien, l’acupuncteur, l’hypnothérapeute, le kinésiologue et bien d’autres comme le médecin de la CPAM, le médecin du travail, le médecin expert d’une assurance, les associations de malade… Toutes ces personnes qui gravitent autour du patient qui souffre ont un avis sur la douleur du patient et ses solutions. Leurs discours sont variés, parfois divergents. Ces divergences vont devoir être interprétées par le patient. Et le patient fait un choix : « je préfère telle explication à telle autre, je vais donc plutôt suivre tel soignant… » « Je préfère tel traitement à un autre » et cela selon ses attentes et ses croyances voire même son système de valeurs « je préfère la chirurgie, ça règle vraiment le problème ! » « Je n’aime pas trop les médicaments, je préfère l’homéopathie ». L’harmonisation du discours des soignants est donc impératif. La moindre fissure peut être une autoroute de l’échec. Une brèche trop large est difficile à colmater voire ouvre une voie d’eau impossible à combler.